En connaissance de conséquences

canstock13263042La génération des baby boomers et la génération X qui l’a suivie et dont je fais partie, ont été fortement marqués par la pensée de grands leaders et ce dans tous les domaines de la vie : politique, économique, religieux et spirituel, militaire, universitaire, scientifique etc.

Ces leaders avaient une grande capacité de mobilisation des masses, du fait de leur vision de ce que la société devrait être, et de leur capacités charismatiques qui leur permettaient d’imposer leurs idées fortes et leurs convictions des modèles dont ils portaient la pensée.

Les individus formant la masse agissaient donc selon les règles édictées par ces leaders, et l’ensemble de la société se structurait de fait selon un modèle unique dominant de pensée, pyramidal par essence, autoritaire et fortement hiérarchisé, producteur de normes et de valeurs issus de la vision et des conviction du leader.

Ce modèle créait mécaniquement deux clans dans une société : ceux qui pensent et organisent la vie en société, peu nombreux mais très proches du centre de pouvoir ; le leader ; qui définissent les procédures et les règles de contrôle pour que la société fonctionne, et ceux qui se conforment aux règles et aux modèles imposés, nombreux et souvent éloignés du centre du pouvoir, et qui pour être acceptés et intégrés à la société, se doivent de respecter et d’appliquer les règles produites par les premiers…

Ce méta modèle de société se retrouvaient et se retrouve dans l’entreprise et donne lieu à un modèle de management pyramidal

Ce modèle dit pyramidal a façonné notre manière de voir et de lire le monde depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, et a donné naissance à la majorité des théories d’approche managériales et organisationnelles qui ont prévalu et prévalent largement encore dans nos entreprises et qui façonnent toujours notre relation au travail, au temps, à l’autre et à l’autorité

Ce modèle autour duquel plusieurs générations de managers ont été formées, notamment dans les écoles de commerce et d’ingénieurs les plus prestigieuses, a fortement marqué les pratiques managériales en entreprise et a limité ses capacités créatives et adaptatives puisqu’une minorité, souvent éloignée du contact quotidien avec l’environnement, s’était accaparée seule le droit de penser, ne laissant aux autre que le droit d’agir et de reproduire.

Mais comme dirait la publicité, ça c’était avant…

Avant que la déferlante Internet et plus globalement, celle des nouvelles technologies de l’information ne s’en mêlent pour accélérer la complexité de l’environnement général des entreprises, et ce faisant, affaiblir le pouvoir de vision des leader et leurs capacités à vendre de l’avenir balisé aux masses (salariés et partenaires divers), les confinant ainsi à un simple rôle de managers de l’acquis, et non de guides capables de mobiliser par leur charisme et leur pensée visionnaire….puisqu’ils n’ont plus la capacité de produire de la vision, le monde évoluant à une vitesse qui dépasse largement toute capacité individuelle d’anticipation et de projection…

Autant dire que l’ère de l’homme (homme ou petit groupe d’hommes) fort qui édictait les règles et qui posait le cadre de pensée est révolue, ou entrain de l’être à grand pas du fait de l’accélération des mutations de l’environnement général, et que celle des communautés ou des cellules fortes interdépendantes, est entrain de s’imposer progressivement et sûrement dans le monde d’aujourd’hui et de demain

L’ordre des choses semble avoir basculé par la circulation et la démocratisation des connaissances et de l’information : la masse prends désormais en main son propre destin, elle ne consomme plus de manière aveugle l’ordre (les règles) imposé, et commence à goûter à la liberté de choisir et de décider, elle commence donc à agir et y prend goût..on passe ainsi d’un système basé sur les règles imposées, à un système basé sur les conventions négociées…

La réalité d’aujourd’hui et de demain sera donc marquée par une masse de salariés agissante qui s’approprie désormais le domaine de la pensée dans l’entreprise, par opposition à une masse passive qui appliquait les règles issues de l’ancien mode de leadership qui séparait la pensée (pour les élites) et l’action (pour les masses travailleuses).

Voilà donc la nouvelle réalité des entreprises qu’il faudra intégrer dans les systèmes de management qui vont devoir former et accompagner leurs salariés à l’action en connaissance des conséquences, car ce sont ceux là finalement qui penseront et agiront demain face aux clients et partenaires en réaction instantanée, quotidienne et permanente aux sollicitations de l’environnement,et qui feront toute la différence entre des équipes qui s’adaptent et qui avancent dans la sérénité,  et des équipes dépassées par les contraintes de leur environnement et la mutation incessante des attitudes, besoins et attentes de leurs clients et partenaires

L’entreprise d’aujourd’hui et de demain est une entreprise par essence collaborative, où les individus coopèrent au sein de communautés diverses et transversales, orientées processus et non plus procédures et normes, dans une logique gagnant-gagnant ou nul ne peut plus prétendre au monopole de la connaissance et de la pensée, et où l’information, circule dans une logique décloisonnée, sans intermédiation hiérarchique injustifiée, le tout au service d’une finalité commune et d’un sens partagé par l’ensemble

Nous pouvons appeler cela les organisations 2.0, le management 2.0, les entreprises 2.0, l’entreprise agile, ou peu importe, on en retiendra qu’il y a là une profonde rupture de logique en cours, et non seulement du marketing de circonstance ou des élucubrations passagères…Bonne lecture et au plaisir des commentaires